Au pas de charge, le Président de la Transition, chef de l’État, parcourt la sous-région d'Afrique centrale pour expliquer le bien-fondé de la prise de pouvoir par les militaires, le 30 août 2023.

Par Yann Essabe

Après la Guinée équatoriale, les deux Congo et la République centrafricaine, le tour est cette fois revenu au Rwanda de recevoir le chef de l’État gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema. En effet, le numéro un gabonais a rencontré, lundi 16 octobre 2023, à Kigali, au Palais présidentiel Urugwiro, le Président rwandais, Paul Kagamé, dans le cadre d’une visite de travail et d’amitié de vingt-quatre heures.

Lors de leurs échanges, les deux chefs d’État sont revenus sur les relations qu’entretiennent Libreville et Kigali et une homonymie de vue s’est dégagée quant à leur volonté de hisser leur coopération multiforme dans les domaines de l’éducation, du commerce et des nouvelles technologies de l’information et de la communication, etc.

De manière globale, si le renforcement des relations bilatérales entre le Gabon et ses voisins, a constitué le menu principal des échanges partout où il est passé, le général Oligui Nguema a fait preuve de pédagogie en expliquant à ses homologues l’urgence qui s’est imposée aux militaires gabonais le 30 août 2023, et les objectifs de la mise en place de la transition dont les instruments institutionnels sont en train d’être mis en place, selon le chronogramme récemment déroulé par le Premier ministre de la Transition, Raymond Ndong Sima, le 28 septembre 2023.

Pour le chef de l’État, le Gabon tient à maintenir ses relations d’amitié avec les pays africains et ceux de la sous-région, et réaffirme par conséquent sa présence au sein des institutions africaines telles que l’Union africaine (UA) et sous régionales que sont la CEEAC et la CEMAC.

Pour ce faire, le leader gabonais avait sollicité du Président congolais Denis Sassou Nguesso, une médiation auprès des instances régionales et sous-régionales en vue d’un allégement des sanctions contre le Gabon, dont l’implication dans les questions sécuritaires et environnementales est connue.

L’on se souvient qu’au lendemain de l’arrivée du CTRI, et six jours après avoir émis des sanctions contre le Gabon, la CEEAC avait désigné à Malabo, le 4 septembre 2023, le Président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra comme facilitateur pour le Gabon.

Arrivé à Libreville le lendemain, il a mené plusieurs rencontres à l’effet de porter le message des chefs d’État de la sous-région de la nécessité d’une transition inclusive avec tous les acteurs de la société gabonaise qui verra, in fine, l’organisation des élections inclusives, démocratiques et transparentes

Avec Brice Oligui Nguema, le Président de la Transition, des gages ont été donnés sur la régularité des institutions de la République, après leur toilettage. Il avait par la suite rencontré le président déchu, Ali Bongo Ondimba, depuis lors, libre de ses mouvements. Enfin, les partis politiques et les forces vives de la Nation. Tous, ont salué l’acte de libération initié par les militaires le 30 août 2023. A l’issue de ces rencontres, le facilitateur de la CEEAC s’est dit rassuré.

À côté de cette diplomatie sous-régionale, le CTRI s’est aussi lancé dans la diplomatie économique. Les bailleurs de fonds et les marchés financiers internationaux s’étant montrés plutôt sceptiques face aux militaires. Aussi, faut-il voir dans la venue à Libreville de Tidjane Thiam, banquier ivoirien de renom, au carnet d’adresse épais dans le domaine, l’interlocuteur idoine entre ces bailleurs et Libreville.